• ... une alternative à un système monétaire en crise

    Lors de la grande dépression économique des années 30, la pénurie d’argent liquide consécutive aux faillites du secteur bancaire et à la thésaurisation de la monnaie par les ménages incite une poignée d’entrepreneurs suisses à se réunir au sein d’une coopérative et créer une monnaie complémentaire, le WIR (qui signifie «  nous » en allemand) afin de maintenir les échanges inter-entreprises.

    Cette monnaie, émise par la coopérative et de parité égale au Franc Suisse (1 WIR = 1 CHF), se caractérise alors non seulement par l’absence de rémunération de l’épargne mais surtout par la pénalisation de celle-ci; l’objectif étant ici de réinjecter rapidement la monnaie dans le circuit économique afin de l’alimenter et d’en dynamiser ainsi les échanges.

    Unique rescapée d’une pléthore d’autres initiatives d’entraide similaires de part le monde, souvent victimes de la volonté politique, la coopérative, devenue la Banque WIR en 1998, génère un chiffre d’affaires annuel supérieur à 1.5 milliards, regroupe environ 60.000 PME soit presque le quart des entreprises helvétiques et est désormais ouverte aux particuliers.

    C’est par une politique de crédits à taux d’intérêts extrêmement faibles qu’elle injecte des WIR dans l’économie et permet aux commerçants de se soutenir mutuellement en échangeant  au sein d’un circuit fermé essentiellement captif puisque les WIR ne peuvent être échangés contre des CHF (la banque échange néanmoins des CHF contre des WIR et propose une gamme complète de prestations pour les détenteurs de CHF afin d’augmenter ses dépôts et continuer à offrir des crédits avantageux en WIR *).

    Cette monnaie reste cependant complémentaire de la monnaie nationale mais ne se substitue pas à elle ; ainsi, on estime à 30-40% la part de la facture acquittée en WIR, le solde étant payé en CHF afin de permettre à l’entreprise de régler les fournisseurs n’acceptant pas le WIR.

    Le principal intérêt du WIR consiste, aujourd’hui, en sa capacité d’amortir les turbulences systémiques : en période de récession, où les banques deviennent frileuses, le recours la monnaie complémentaire augmente de façon substentielle et permet de conserver le volume d’affaires et l’emploi.

     S’érigeant donc en alternative crédible au modèle actuellement en place et aujourd’hui au bord de la rupture malgré le discours officiel, il serait souhaitable de voir nos structures nationales s’assouplir afin d’accueillir un système similaire capable de préserver la paix sociale.

    * Principe de la « réserve fractionnelle » qui règlemente la quantité d’argent qu’une banque peut créer « ex-nihilo » ; autrement dit, plus une banque a de réserves disponibles, plus elle peut accorder de prêts.

    Sources :

    http://www.res.be/docs/pdf/trends161008.pdf 

    http://www.wir.ch/

    http://www.swissinfo.ch/fre/economie/Le_wir,_une_drole_de_monnaie_septuagenaire.html?cid=4351034

    http://www.developpementdurable.be/praktijk/60/articles/2002

    http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=6234&lg=fr

     


     


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