•  Profitant de la concentration du secteur de la Grande Distribution en France, les 6 « Majors » (Carrefour, Auchan, Système U, Casino, Intermarché, Leclerc), qui se partagent 90% du marché des produits de grande consommation, sont régulièrement épinglés par les associations de consommateurs pour être coutumiers de pratiques abusives voire complètement illégales.

    Les exemples qui suivent sont des cas isolés aussi bien que des pratiques généralisées dans tout le secteur de la distribution.

    Premières victimes de ces agissements : les industriels, partenaires des grandes surfaces, sont obligés de se plier à toutes sortes d’exigences de la part de leurs clients afin d’être présents sur leurs rayons.

    Ainsi, chaque fournisseur est tenu de verser un droit d’entrée aux grandes surfaces pour obtenir le référencement de ses produits ; loin d’être négligeables, les montants peuvent atteindre 10% du chiffre d’affaires annuel réalisé par le fournisseur avec l’enseigne... voire plus ! Et il est fréquent, qu’après une ou deux années, il lui soit demandé de renouveler le paiement afin de conserver le référencement. 

    Autre coutume courante, la facturation, par les grandes surfaces à leurs fournisseurs, de prestations de promotion de leurs produits. En réalité, le personnel censé proposer des animations pour les articles de la marque qui le rémunère, est affecté à des tâches plus urgentes. Il n’est pas rare que l’industriel paye pour la mise en rayon des produits de son concurrent ou de ceux portant la marque de la grande surface. Ce sont des milliers d’heures de travail qui sont ainsi offertes à la grande distribution.

    C’est aussi aux fournisseurs de régler la note des catalogues publicitaires des magasins ; de payer une assurance pour le lancement de leurs nouveaux produits, le distributeur ne souhaitant pas prendre de risque financier en cas d’échec ; et encore verser un supplément pour pouvoir bénéficier de plus de visibilité dans les rayons du magasin.

    Ces pratiques ont un nom : on les appelle les marges-arrières. Un fournisseur dévoilait que les marges-arrières qu’il rétrocédait à son distributeur représentaient 35% du chiffre d’affaires qu’il réalisait au sein du réseau de celui-ci. Elles auraient augmenté de 80% entre 1998 et 2004.

    Ajoutons à cela le fait que les grandes surfaces imposent encore à leurs fournisseurs de leur reverser 1 à 1,5% du chiffre d’affaires réalisé afin de réduire les délais de paiement, leur demandent des financements, des produits gratuits, de participer à des manifestations diverses, de prendre en charge le coût d’opérations de promotion réalisées par les magasins...

    La liste semble interminable et le racket permanent (clauses de reprise systématique des invendus, contrats imposant la baisse des tarifs en cas de baisse du coût des matières premières mais pas d’ajustement en cas de hausse, clauses de pénalités de retards et de refus de marchandises litigieuses, délais de paiements illégaux,  etc, etc, etc........ !).

    Les pressions constantes qui pèsent sur les fournisseurs ne sont pas sans conséquences : ceux-ci se voient contraints de réduire leurs charges de personnel en licenciant ou en délocalisant.

    Autres victimes du « système », les employés, en particulier ceux, cités ci-dessus, qui sont rémunérés par les industriels et qui ne bénéficient pas du même statut que ceux, salariés par les grandes surfaces.

    Ainsi, malgré des fonctions similaires, les employés payés par les fournisseurs ont des salaires inférieurs à ceux de leurs collègues, ne bénéficient pas des mêmes avantages sociaux (retraites), d’intéressement, de participation...

    Dans d’autres cas, des managers, sous la menace de sanctions en cas d’échec des objectifs, travaillent bien au-delà de la durée prévue par leur contrat sans être rémunérés pour leurs heures supplémentaires et sont invités à renseigner un nombre d’heures fictif ne dépassant pas le cadre légal.

    Bien que ce billet ne s’attarde pas sur les conditions de travail dans les grandes surfaces, il est peu probable que les employés de ce secteur ne soient pas aussi confrontés à toutes sortes d’abus.

    3eme catégorie de victimes : les clients ; malgré le matraquage permanent du discours selon lequel toutes ces enseignes se battent toute l’année pour offrir les meilleurs prix à leurs clients, la vérité est toute autre.

    En effet, la publicité mensongère semble être monnaie courante et si l’exemple de ce magasin qui facturait une livraison supposément gratuite est un cas isolé, il n’est pas rare de voir des promotions en rayon coûter plus cher que le même produit au prix standard. Ainsi, les relevés de l’UFC que Choisir comptent 3 à 4 fausses promotions, en moyenne, par magasin.

    Autre astuce des gérants de grandes surfaces : ils omettent de remettre les coupons de remboursement à leurs clients et réclament ces montants au centre de traitement ; un supermarché de taille modeste estimait le gain annuel réalisé à environ 7 000€ par an.

    Pour accroître encore leurs bénéfices, les chefs de rayons « délotent » c'est-à-dire qu’ils achètent des produits en lots donc meilleurs marchés, défont les lots et vendent les produits à l’unité au prix fort.

    Si les grandes enseignes se présentent comme les garantes des prix bas, l’association de défense des consommateurs révèle que les prix ont augmenté de plus de 12% en 4 ans malgré la pression permanente  sur les industriels.

    Autre catégorie de clients, les franchisés de ces grandes enseignes qui dirigent de petits supermarchés de proximité. Ainsi, le gérant d’une de ces supérettes explique que les prix que lui propose la centrale d'achats sont souvent supérieurs aux prix de vente publics d'une enseigne concurrente !!! Tout simplement incroyable...

    Et puisque toute économie est bonne à réaliser, les sièges des filiales européennes sont généralement établis en Suisse, ce sont des millions d’euros d’impôts qui échappent au fisc français.

    Arbitrant le jeu dans le secteur de la distribution, les enseignes n’en restent pas là et font pression sur leurs fournisseurs pour étouffer toute concurrence : elles l’écrasent en instaurant un système d'entente sur les prix et si un commerçant essayait de changer les règles du jeu, il serait immédiatement rappelé à l’ordre par les fournisseurs. D’ailleurs, la promesse de rembourser la différence à laquelle s’engagent tous les distributeurs n’est, en réalité, qu’une technique mise en œuvre afin que le consommateur leur indique où aller exercer les représailles.

    Autre combine utile : afin de rendre les comparaisons entre magasins concurrents impossibles, fabricants et distributeurs changent les références d’un même produit d’une enseigne à l’autre.

    Bien décidés par tous les moyens à mener le bal, comme nous le démontre cette liste d’exemples loin d’être exhaustive, les principaux acteurs de la grande distribution comparaissent régulièrement devant les tribunaux pour fraudes et abus et sont condamnés à verser des millions d’euros de dommages et intérêts... mais cela semble n’être qu’une goutte d’eau dans l’océan d’argent qu’ils brassent.

    Il ne tient qu’à nous, citoyens, de nous défaire de la mainmise de ces quelques grands groupes sur le secteur de la distribution en nous organisant en associations d’achats et en traitant directement avec les producteurs, par exemple. Mais ça... ?? !!!

     

     Sources :

    http://www.youtube.com/watch?v=aSzNyL7nLbY

    http://www.quechoisir.org/commerce/magasin-grande-surface/actualite-pratiques-abusives-condamnations-confirmees-pour-leclerc-carrefour-et-auchan

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/07/07/la-grande-distribution-mise-en-demeure-de-regulariser-ses-pratiques-avec-les-pme_1384816_3234.html

    http://www.quechoisir.org/commerce/methode-de-vente-abus/actualite-grande-distribution-40-000-euros-d-amende-pour-intermarche

    http://forum-juridique.net-iris.fr/travail/95535-grande-distribution-heures-sup-abus.html


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    Voici un dossier sur un projet de création de monnaie locale complémentaire que je mets en ligne, à toutes fins utiles

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    PROJET DE MONNAIE LOCALE COMPLEMENTAIRE

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    Outils à vocation économique, sociale et solidaire, les monnaies locales complémentaires essaiment, depuis quelques années, sur le territoire national.

    Avec des projets parfois très ambitieux, des associations soucieuses de replacer l’être humain au cœur des échanges, ont pris conscience de utilité ce type de dispositif ; ceux-ci permettent de dynamiser le tissu économique local en même temps qu’ils viennent renforcer les missions sociales et environnementales.

    Ce dossier a pour objet de familiariser le lecteur avec cet outil et avec le potentiel qu’il offre.

    Une fois celui-ci validé, il conviendra alors de former une structure fondatrice chargée, entre autres, de définir les principes de gouvernance du projet et d’initier un travail de réflexion portant sur les politiques qu’encouragera ce dispositif (lutter contre la précarité, favoriser la consommation de produits locaux, soutenir les actions de bénévolat…).

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    SOMMAIRE

    PREAMBULE

    QUELQUES GENERALITES SUR LA MONNAIE

    1 – Historique 2 – Définition 3 – La création monétaire 4 – La monnaie, le sang d’une économie

    LES MONNAIES LOCALES COMPLEMENTAIRES

    1 – Historique des monnaies complémentaires 2 – La théorie des écosystèmes 3 – Caractéristiques des MLC 3.1 – Les différents types de dispositifs 3.2 – Principe général et cadre légal des MLC 3.3 – Supports disponibles 3.4 – Le principe de monnaie fondante 4 – Les objectifs des MLC 4.1 – Relocaliser et dynamiser l’économie 4.2 – Un outil éthique et citoyen 5 – Le rôle des pouvoirs publics

    QUELQUES EXEMPLES

    1 – Le WIR suisse 2 – Le Chiemgauer allemand 3 – Le Sol Violette à Toulouse

    CONCLUSION

    SOURCES

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    PREAMBULE

    Engluée dans un système, aujourd’hui, à bout de souffle, notre société lutte désespérément pour retrouver le chemin de la croissance, croulant sous le poids d’une dette publique qui continue à croître malgré tous les efforts demandés à la collectivité et d’un taux de chômage record…

    Signe d’un mécontentement général, c’est par les urnes que les Français menacent de sanctionner les partis traditionnels incapables d’enrayer la crise, en plébiscitant le Front National, aujourd’hui, en tête des sondages. Certains citoyens ont, néanmoins, décidé de reprendre leur destin en main au travers d’initiatives destinées à contrer les effets de ce marasme sans précédent : parmi elles, les monnaies locales complémentaires auxquelles s’intéresse cette étude.

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    QUELQUES GENERALITES SUR LA MONNAIE

     

    1 – Historique

    Si l’être humain, n’est, au départ, concerné que par sa survie dans un environnement qui lui est plutôt hostile ; il s’organise, au fil du temps, en des modèles sociaux régis par des principes de plus en plus complexes lui permettant de prétendre à un confort de vie accru.

    Ainsi s’organise une activité économique qui voit la spécialisation de chacun des membres de cette société.

    Le principe du troc trouvant ses limites, l’antiquité voit l’avènement de l’économie de marché avec l’utilisation d’un médium (coquillage, épices etc…) comme étalon de valeur et moyen d’échange.

    La monnaie la plus ancienne connue à ce jour est créée en Lydie (actuellement en Asie Mineure) vers le début du VIIe siècle av. J-C. ; elle est caractérisée par son poids invariable, ses formes identiques et marquée d'un signe authentifiant son étalonnage.

    Les formes de monnaie, n’ont depuis, cessé d’évoluer, pour n’être, aujourd’hui, plus utilisées quasiment que sous leur forme immatérielle.

    Son rôle a, lui aussi, évolué, au cours du temps : instrument, autrefois, créé pour faciliter les échanges commerciaux, la monnaie en circulation sert aujourd’hui essentiellement à alimenter le système financier ; en effet, seuls 3% des flux monétaires sont consacrés à l’économie réelle, les 97% restants représentant des transactions financières, autrement dit, de la spéculation.

     

    2 – Définition

    Selon une définition généralement admise, « La monnaie est un instrument de paiement spécialisé, accepté de façon générale par les membres d'une communauté en règlement d'un achat, d'une prestation ou d'une dette ».

    On lui reconnait 3 fonctions : - Un rôle d’intermédiaire rendant les échanges possibles. - Une unité de compte affichant la valeur d’un bien ou d’un service. - Une réserve de valeur permettant de différer un achat.

    Mais, au-delà de ces 3 fonctions, c’est, avant tout, sur la confiance acquise de façon durable auprès de la communauté qui l’utilise que repose une monnaie.

    3 – La création monétaire

     

    La création monétaire, autrefois fonction régalienne, est aujourd’hui assurée les banques privées qui émettent la monnaie scripturale (environ 85% de la masse monétaire en circulation) et la Banque Centrale qui crée la monnaie fiduciaire (15%).

    Cette fonction est aujourd’hui de plus en plus contestée car elle confère aux institutions émettrices (en particulier aux banques) un pouvoir dont ne disposent pas les autres acteurs économiques ; d’autant plus que celles-ci sont indépendantes de l’Etat et n’ont aucun compte à lui rendre.

     

    4 – La monnaie, le sang d’une économie

    Si l’on devait faire une analogie entre l’économie et le corps humain, la monnaie en serait son sang. Or, aujourd’hui, ce corps est malade : la crise systémique qui l’affecte depuis bien longtemps déjà, semble incurable.

    L’argent se fait rare, nuisant à la bonne santé de l’économie mais loin de capituler, des démarches citoyennes sont mises en œuvre afin de là redynamiser en lui apportant du sang neuf : nous nous intéresserons, dans ce dossier aux Monnaies Locales Complémentaires (MLC) qui se veulent un outil efficace (les exemples historiques du « Vörgl », du « Wir » etc…nous le démontrent) en période de difficulté économique.

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    LES MONNAIES LOCALES COMPLEMENTAIRES

     

    1 – Historique des monnaies complémentaires

    Les dispositifs monétaires parallèles à celui en vigueur ne sont pas un phénomène nouveau : on en retrouve des traces aussi bien à l’époque de l’Egypte des Pharaons qu’au Moyen-âge.

    Disparues au profit d’une monnaie unique devenue un instrument de pouvoir, celles-ci refont surface lors de la crise des années 30 : des villes ruinées et ravagées par le chômage relancent leur économie en implémentant leur propre monnaie ; c’est ainsi que naissent les expériences pionnières du Wara à Schwanenkirchen, en Bavière et celle de Wörgl en Autriche ou encore celle du Wir en Suisse et qui serviront plus tard de socle aux projets contemporains.

    Dénombrant environ 200 de ces monnaies au début des années 90, on en compte aujourd’hui environ 5 000 de par le monde, avec des modes de fonctionnement et des objectifs variés mais avec ces constantes que sont la relocalisation de l’économie, le respect des valeurs sociales et de l’environnement.

     

    2 – La théorie des écosystèmes

    Les travaux sur les démontrent que pour que ceux-ci soient pérennes, il faut un équilibre entre deux facteurs : l’efficience (capacité à fonctionner) et la résilience (capacité de résistance).

    Ces deux principes dépendent, eux-mêmes, de deux variables structurelles que sont la diversité (de sa faune et de sa flore) et l‘interconnectivité (la qualité des échanges entre les espèces qui participent à cet écosystème).

    Plus un système s’incline vers la résilience, plus sa diversité est grande mais plus ce modèle tend vers la stagnation ; au contraire, plus un système est efficient, plus il est homogène mais plus il devient fragile.

    Or, notre système monétaire est conçu pour être efficient, ce qui le rend extrêmement précaire.

    Selon les chiffres du FMI, depuis 1970, nous avons connu presque 150 effondrements bancaires, plus de 200 effondrements monétaires et plus de 70 crises de dettes souveraines.

    Nos voisins suisses ont une économie solide car celle-ci s’appuie sur un système bi-monétaire (CHF et Wir) ; cette expérience démontre la nécessité de diversifier notre système monétaire.

     

    3 – Caractéristiques des MLC

     

    3.1 – Les différents types de dispositifs

    Philippe Derruder, spécialiste des monnaies complémentaires, distingue 3 types de dispositifs :

    - les systèmes d’échange locaux ou SEL qui regroupent des particuliers au sein d’associations permettant l’échange de biens et de services grâce à un système de points généralement adossé à une unité de temps (1 point = 1 minute de travail).

    - les monnaies interentreprises (encore appelées Barters) sont mises en place par des structures qui tissent un réseau d’entreprises aux activités diverses et variées. Ces entreprises échangent alors par l’intermédiaire de la monnaie propre au réseau, ce qui leur permet de conserver leurs liquidités en monnaie nationale et de bénéficier de l’effet de réseau.

    - les Monnaies Locales Complémentaires (MLC) qui sont l’objet de notre dossier et qui s’adressent aux entreprises, particuliers, collectivités locales etc…

     

    3.2 – Principe général et cadre légal des MLC

    Comme son nom l’indique, une MLC est un dispositif géographiquement limité qui vient compléter (et non concurrencer) la monnaie officielle.

    Conçue selon une architecture propre aux objectifs auxquels ses créateurs là destinent (exp : monnaie qui favorise les entreprises se fournissant chez les producteurs locaux, celles ayant une politique de recyclage…), la MLC n’est, selon la Banque de France, autorisée à ne circuler que parmi les membres d’une structure formellement identifiée (association, coopérative… autre qu’une banque ou un organisme de crédit).

    Autre considération légale : on parle de monnaie par abus de langage, les billets utilisés pour les échanges doivent porter une mention « coupon d’échange », « bon d’échange » ou tout autre intitulé distinguant le support utilisé de la monnaie nationale.

    Enfin, voici livré tel quel le paragraphe que consacre P. Derruder quant à l’obligation d’adosser la MLC à l’Euro :

    Source : www.aises-fr.org/doc_pdf/Guide_MeO_Mon_FR.pdf

    « Reste la question de savoir si elles doivent nécessairement avoir leur contrepartie en euro. En ce qui concerne la France, l'expérience de Lignières en Berry a conduit le gouvernement d'alors à modifier l'article 136 du code pénal que l'on retrouve dans la loi actuelle sous le n° 442-4. Elle stipule que «la mise en circulation de tout signe monétaire non autorisé ayant pour objet de remplacer les pièces de monnaie ou les billets de banque ayant cours légal en France est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende». On peut en déduire que si la monnaie locale n'est pas couverte par des euros, elle, «remplace» ceux-ci... Mais la monnaie locale est-elle une monnaie ? Sans doute y aurait-il moyen de débattre autour de ce point juridique. Mais il n'est pas dans l'esprit actuel des acteurs de s'opposer à... mais de construire. À l'heure actuelle, parions plutôt sur la dynamique d'évolution que génèrera ce mouvement. »

    Le consensus général sur le sujet est que les MLC, en France, doivent obligatoirement être couvertes par une réserve en Euros ; cette exigence a, de toute façon, l’avantage de rassurer les commerçants qui, dans la plupart des cas, sont autorisés à échanger leurs excédents de MLC contre des Euros, moyennant, généralement une contribution de l’ordre de 5% du montant changé afin de limiter la disparition de la masse de MLC disponible .

    D’autre part, le fond de garantie en Euros est placé dans un établissement financier comme, par exemple, la NEF qui ne finance que les projets respectueux de l’environnement, solidaires… .

     

    3.3 – Supports disponibles

    Il existe plusieurs types de supports : des versions papier ou électronique (carte, paiements par sms ou par internet), celle en papier est la plus répandue. De basse technologie et disposant de systèmes de protection contre la contrefaçon, elle présente l’avantage d’attirer l’attention des autres clients (les billets utilisés sont généralement très colorés) lors des paiements effectués en magasin et contribue à populariser l’outil.

     

    3.4 – Le principe de monnaie fondante

    La circulation de la monnaie étant créatrice de richesse, les MLC sont dépourvues de système de thésaurisation. Afin d’en améliorer encore la vitesse de circulation, la plupart des MCL sont des monnaies dites fondantes c'est-à-dire qu’elles perdent une partie de leur valeur au bout d’un certain temps (en général 2% tous les trimestres), incitant leurs détenteurs à ne pas les conserver. On estime qu’une MLC circule environ 3 à 4 fois plus vite qu’un Euro. Lorsqu’un billet a « fondu », on lui accole un timbre coutant le montant de la valeur perdue et celui-ci retrouve ainsi sa valeur initiale.

     

    4 – Les objectifs des MLC

    Chaque projet ayant une vision et des objectifs propres, nous nous concentrerons ici uniquement sur les fondements communs aux MLC.

     

    4.1 – Relocaliser et dynamiser l’économie

    Par essence, les MLC sont destinées à favoriser l’économie réelle et la relocalisation des échanges marchands. De par leur circulation au sein d’un réseau géographiquement limité, elles empêchent le risque de déplacement de l’activité économique en enracinant durablement les revenus générés localement, en encourageant la consommation de prestations et de produits locaux et en privilégiant les circuits courts.

    Cette structure permet également aux différents acteurs du réseau de bénéficier de ses effets et resserre leurs liens, favorisant les modèles d’entrepreneuriats locaux à ceux transnationaux.

    Le design des MLC (monnaies non thésaurisables et fondantes) leur permet de circuler plus rapidement et plus souvent que les monnaies officielles, multipliant ainsi les échanges et donc les richesses.

     

    4.2 – Un outil éthique et citoyen

    Si les professionnels sont particulièrement sensibles aux arguments du paragraphe précédent, celui-ci éveillera l’intérêt de leurs clients (sans, pour autant, entendre qu’une catégorie soit totalement hermétique aux arguments concernant l’autre).

    Dans un contexte de crise systémique, face à une conjoncture délicate, aux dérives du système financier et la dégradation de l’environnement, les populations sont, aujourd’hui, très attentives aux principes d’éthique, de solidarité etc… .

    Nous l’avons vu, la création monétaire est, aujourd’hui, l’apanage des banques privées ; la mise en place des MLC permet la restitution du pouvoir monétaire aux citoyens dans le cadre d’une gouvernance partagée (différents collèges représentant la structure de gestion, les professionnels, les consommateurs, les pouvoirs publics voire d’autres acteurs locaux).

    Nous avons aussi souligné que les MLC étaient adossées à l’Euro, ce qui a pour effet de doubler la masse monétaire en circulation ; alors que les MLC contribuent à soutenir l’économie locale, le fond de réserve en Euros est généralement affecté à une institution financière soucieuse de soutenir des projets éthiques, solidaires, respectueux de l’environnement etc… certaines réflexions suggèrent aujourd’hui la réappropriation de ce fond de réserve par la structure émettrice de la MLC afin, par exemple, de financer des micro crédits.

    Nombreux sont ceux qui soulignent que la soustraction du fond de réserve du circuit monétaire classique permet, parallèlement la lutte contre la spéculation et les paradis fiscaux.

    Enfin, les MLC permettent d’orienter les tendances de consommation en ouvrant le réseau aux acteurs locaux aux pratiques vertueuses et sont un outil de résilience efficace en cas d’effondrement de la monnaie nationale ou du système bancaire.

     

    5 – Le rôle des pouvoirs publics

    Si, lors de leur émergence, les MLC ont suscité de fortes résistances de la part des pouvoirs publics, ceux-ci prennent peu à peu la mesure de l’intérêt d’un tel outil et nombre d’entre eux se joignent à l’expérience en lui accordant un soutien technique et/ou financier.

    Malgré le fait qu’aujourd’hui encore, ces programmes naviguent dans une zone grise, le développement et la complexification de l’outil (exemple du SOL en France qui est une MLC dématérialisée combinant les principes de carte de fidélité, de bons d’achats encourageant certaines formes de consommation ainsi que la rétribution d’actions de bénévolat), conduit à la mise en place de partenariats avec les collectivités locales, les programmes nationaux voire européens qui y reconnaissent les potentialités en termes économiques mais aussi sociaux et environnementaux.

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    QUELQUES EXEMPLES

     

    1 – Le WIR suisse

    Le WIR n’est pas une MLC mais une monnaie interentreprises, néanmoins son succès et sa longévité en font un modèle qu’il est utile de présenter.

    Lors de la grande dépression économique des années 30, la pénurie d’argent liquide consécutive aux faillites du secteur bancaire et à la thésaurisation de la monnaie par les ménages incite une poignée d’entrepreneurs suisses à se réunir au sein d’une coopérative et créer une monnaie complémentaire, le WIR, afin de maintenir les échanges interentreprises.

    Cette monnaie, émise par la coopérative et de parité égale avec le Franc Suisse (1 WIR = 1 CHF), se caractérise alors par sa fonction fondante ; l’objectif étant ici de réinjecter rapidement la monnaie dans le circuit économique afin de l’alimenter et d’en dynamiser ainsi les échanges.

    Aujourd’hui, la coopérative, devenue la Banque WIR en 1998, génère un chiffre d’affaires annuel supérieur à 1.5 milliards, regroupe environ 60.000 PME soit presque le quart des entreprises helvétiques et est désormais ouverte aux particuliers.

    C’est par une politique de crédits à taux d’intérêts extrêmement faibles qu’elle injecte des WIR dans l’économie et permet aux commerçants de se soutenir mutuellement en échangeant au sein d’un circuit fermé essentiellement captif puisque les WIR ne peuvent être échangés contre des CHF (la banque échange néanmoins des CHF contre des WIR et propose une gamme complète de prestations pour les détenteurs de CHF afin d’augmenter ses dépôts et continuer à offrir des crédits avantageux en WIR).

    Cette monnaie reste cependant complémentaire de la monnaie nationale mais ne se substitue pas à elle ; ainsi, on estime à 30-40% la part de la facture acquittée en WIR, le solde étant payé en CHF afin de permettre à l’entreprise de régler les fournisseurs n’acceptant pas le WIR.

    L’un des principaux intérêts du WIR réside, aujourd’hui, dans sa capacité à amortir les turbulences systémiques : en période de récession, où les banques deviennent frileuses, le recours la monnaie complémentaire augmente de façon substantielle et permet de conserver le volume d’affaires et l’emploi.

     

    2 – Le Chiemgauer allemand

    Le Chiemgauer est l’aboutissement d’un projet de financement d’installations sportives mené en 2003 par 6 élèves d’un lycée de Bavière encadrées par leur professeur d’économie.

    Appartenant, aujourd’hui, au Regiogeld, une fédération de MLC, le Chiemgauer est adossé à l’Euro (1 Chiemgauer = 1 Euro) et est utilisé sur des supports papier et électronique, ce dernier facilitant les transactions entre professionnels.

    De nature fondante, il perd 2% de sa valeur tous les trimestres et est reconvertible en Euro moyennant une contribution de 5%.

    Lors de l’achat de Chiemgauer, la structure en charge de sa gestion, reverse 3% du montant converti à une association choisie par l’utilisateur lors de son inscription. Le financement de ce soutien aux associations est pris en charge par les commerçants participant au projet au titre de frais de communication.

    D’autre part, le fond de réserve constitué permet un service de micro crédit soutenant des activités de nature éthique, respectueuses de l’environnement, etc… .

    10 années après son lancement, les 3000 utilisateurs inscrits dépensent les 650 000 Chiemgauer disponibles auprès de 650 commerces. Avec une circulation 3 fois plus importante par rapport à l’Euro, le chiffre d’affaires généré par le Chiemgauer représente 6 millions en 2012.

    Outre la relocalisation et la dynamisation de l’économie ainsi que la création d’emplois, le Chiemgauer a permis la promotion d’activités culturelles et pédagogiques et encouragé les démarches solidaires et celles en faveur de l’environnement ; il a aussi autorisé la redistribution de 240 000€ aux associations depuis 2005.

     

    3 – Le Sol Violette à Toulouse

    Issu du mouvement Sol visant à redéfinir les rapports entre l’offre et la demande sur la base de valeurs sociales et environnementales, le projet du Sol Violette nait en 2009 lors d’une assemblée populaire traitant des questions monétaires dans le cadre de la 15aine consacrée par la municipalité toulousaine à l’économie solidaire.

    Des ateliers participatifs regroupant citoyens, entreprises, établissements financiers et collectivités locales désireux de se réapproprier l’outil monétaire émerge une association structurée en 5 collèges représentatifs des adhérents du projet et ayant pour objectifs de définir les règles de fonctionnement du Sol Violette puis de le mettre en place.

    Doté d’un budget de départ de 120 000€, essentiellement financé par la Mairie de Toulouse, le projet, qui voit le jour au printemps 2011, a pour objet de développer une économie locale respectueuse de l’environnement et de l’individu au travers d’une gouvernance démocratique et représentative.

    De nature fondante et non thésaurisable, le Sol Violette, est, à ses débuts, uniquement diffusé sous forme de monnaie papier. Une trentaine de « prestataires » (entreprises) triés en fonction d’une série de critères écologiques et solidaires et 150 « solistes » (utilisateurs) issus de tous les horizons sociologiques participent à son lancement.

    De vocation sociale et solidaire, le projet inclut la distribution de 30 Sol Violette pendant 6 mois à 90 familles dans le cadre d’une expérience unique en partenariat avec 3 maisons des chômeurs ; l’étude montre que ces solistes précaires s’intègrent progressivement au processus et en deviennent des ambassadeurs. D’autre part, on remarque une modification de leurs comportements d’achat : cette monnaie favorise leur accès à certains types de produits, bio en particulier, desquels ils étaient autrefois exclus.

    Après deux années d’activité, 63 000 Sol Violette sont en circulation et 1 200 solistes ont accès aux services de 120 prestataires incluant des commerces d’alimentation, de santé etc… . La monnaie est maintenant aussi disponible sous sa forme électronique et permet d’effectuer des paiements par internet et par téléphone.

    Signe du succès du dispositif, des coupures de 20 et 50 Sol Violette ont dû être imprimées en 2012, à la demande des commerçants. D’autre part, avec un chiffre d’affaires annuel global proche de 250 000 Euros, chaque Sol Violette circule, en moyenne, 4 fois par an.

    Encouragée par ces résultats, l’association affiche l’objectif de réunir, à terme, 7 000 adhérents et 500 entreprises.

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    CONCLUSION

    Face aux défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels est aujourd’hui confronté notre modèle, des solutions repensant et réorganisant le fonctionnement de notre système pourraient s’avérer salutaires. Les monnaies locales complémentaires en font partie ; elles ont déjà fait leurs preuves dans le passé et recommencent à se développer dans un contexte où elles recueillent de plus en plus les faveurs de pouvoirs publics disposés à collaborer avec des mouvements citoyens afin de bâtir, ensemble, des stratégies menant vers la sortie de crise.

    .

     

    SOURCES

    http://fr.slideshare.net/transportsdufutur/monnaies-analyse-delexistant1 http://www.monnaiesendebat.org/IMG/pdf/territoires_msc.pdf http://www.moneyandyouth.cfee.org/fr/resources/pdf/moneyfunct.pdf http://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie http://www.aises-fr.org/doc_pdf/Guide_MeO_Mon_FR.pdf http://www.utopiesdaujourdhui.fr/index.php/economie/economie/finance-equitable/464-dossier-des-monnaies-complementaires-pour-en-finir-avec-largent-roi http://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_locale http://aises-fr.org http://montreuilentransition.fr/monnaie/#11 http://www.spirale.attac.org/content/monnaies-complementaires http://www.youtube.com/watch?v=s2ROizkZgR0 http://fr.wikipedia.org/wiki/Sol_%28monnaie_compl%C3%A9mentaire%29 http://vimeo.com/43395372 http://www.res.be/docs/pdf/trends161008.pdf http://www.wir.ch/ http://www.swissinfo.ch/fre/economie/Le_wir,_une_drole_de_monnaie_septuagenaire.html?cid=4351034 http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=6234&lg=fr http://recit.net/?Le-Chiemgauer-une-monnaie http://fr.wikipedia.org/wiki/Chiemgauer http://imaginationforpeople.org/fr/project/chiemgauer/ http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=1337 http://www.sol-violette.fr http://www.spirale.attac.org/article/le-sol-violette-toulouse http://entrepreneur.lesechos.fr/entreprise/regions/midi-pyrenees/0202713399565-a-toulouse-le-sol-violette-va-devenir-numerique-10028531.php http://www.scribd.com/doc/31823193/Bernard-Lietaer-De-nouvelles-monnaies-pour-de-nouveaux-liens-une-solution-systemique-a-la-crise http://www.youtube.com/watch?v=T9EI2PrDpmw


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  • Avant de te faire signer ton PEL, ton PEA ou ton assurance vie, ton interlocuteur t’avait expliqué que ces produits financiers étaient particulièrement avantageux car ils n’étaient pas soumis à l’impôt sur le revenu... Donc tu t’es dit que c’était une bonne façon de te constituer un petit bas de laine pour tes vieux jours.

    Et depuis des années, voire des décennies, tu te prives chaque mois pour mettre un peu d’épargne de côté mais ce matin, le réveil a été difficile : en ouvrant ton journal, tu apprends que les députés viennent d’adopter l’Article 8 du PLFSS 2014 qui dit en substance... que cette fois-ci, ils te l’ont mise encore plus profonde que d’habitude !!! Car en l’espace d’un instant, tu viens de prendre 15,5% d’impôts dans la gueule pour les plus-values réalisées sur ces placements !

    Mal au cul ? Attends, c’est pas fini : cette loi est rétroactive c'est-à-dire que cette taxation va être calculée sur tous tes gains acquis depuis... 1997 !!!

    Mais ??? mais c'tait pas prévu dans le contrat initial, ça !!!

    Et voilà comment un gouvernement constitué d’une belle brochette de salopes de gauche t’a, encore une fois, enflé en beauté ; cette gauche se revendiquant garante de valeurs morales qu’elle estime prioritaires sur les lois de la République (cf : tollé Léonarda) et qui vient de ratifier un texte tellement obscène qu’elle ne pourra plus jamais prétendre pouvoir répondre aux aspirations des Français !

    Voilà donc le coup d’éclat  d'Hollande, qui nous avait promis de lutter contre la finance... ouais, contre la tienne... de finance !

    Et la droite qui dénonce «un Etat spoliateur et injuste »... mais elles ne valent pas vraiment mieux, les putes  de droite... où étaient-elles donc lors du vote ? Proposition votée à l’unanimité par 64 voix contre 22... et oui, ce ne sont que 86 députés, sur les 577 que compte l'Assemblée Nationale, qui ont organisé le racket de tes économies.

    Ben oui, mais faut remplir les caisses après l’intervention au Mali... et puis sa reconstruction (la France participe à hauteur de presque 300 millions) et puis peut être la Syrie et la dette publique, et la sécu et... et... et... . « Les caisses sont vides » nous avait déjà prévenus Sarkozy... y’a très, très longtemps, avant la crise de 2008 ! Ce qui ne l’a pas empêché de signer un chèque en blanc aux banques responsables de cette même crise. Comme quoi, dans l’urgence, y’a toujours moyen de se démerder : c’est toi qui payes !

    Bon, au lieu de nous imposer ce chef d’œuvre de trahison, ils auraient plutôt pu essayer de récupérer une partie des 50 milliards annuels de manque à gagner dus à l’évasion fiscale... tu te souviens de Cahuzac ? Y’en a combien qui, comme lui, sont copains avec les organisateurs des campagnes de toucher rectal et en sont donc exemptés ? Y'a pas que Balkany, quand même ?! Ils vont planquer leur fric ailleurs et... c’est encore toi qui payes à leur place.

    Y’a aussi Thomas Fabius, fils à... , qui peut s’acheter un appart à 7 millions alors qu’il ne paye pas un centime d’impôt !!! Mais comment il fait ? C’est quand même bizarre : malgré les alertes de Tracfin, les services fiscaux n’ont pas jugé utile d’enquêter sur le dossier !

    Et Marine Le Pen passe en tête des sondages !

    Bon, allez... retourne bosser, va falloir que tu craches pour la prochaine arnaque qu’ils te préparent !

     

    Sources :

     http://www.liberation.fr/monde/2013/09/19/l-aide-francaise-au-mali-mise-en-ligne_932900

    http://www.impots-economie.com/thomas-fabius-appartement-a-7-millions-d-euros/

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vasion_fiscale

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/10/23/97002-20131023FILWWW00594-pea-pel-assurance-vie-taux-a-155.php?page=&pagination=3#nbcomments

    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/article-8-du-plfss-2014-chaises-142652


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  • La monnaie est un intermédiaire destiné à faciliter les échanges… si l’on devait faire une analogie entre l’économie et le corps humain, la monnaie en serait son sang. Deux conditions sont nécessaires à sa bonne santé :

    -        que la masse monétaire  soit disponible en quantité suffisante.

    -        que celle-ci circule ; une thésaurisation outrancière de la monnaie aurait pour effet de gripper l’économie.

    Or, aujourd’hui, notre économie est malade… L’argent s’est fait rare !

    Est-ce parce que seuls 3% des flux monétaires sont consacrés à l’économie réelle ? Les 97% restants représentant des transactions financières, autrement dit de la spéculation…

    L’argent ne sert donc plus qu’à faire de l’argent ; il a été détourné de son objectif initial ; ainsi a-t-on oublié que la monnaie, en soi, n’a aucune valeur (et ceci est particulièrement vrai depuis le 15 août 1971, date à laquelle Nixon met fin à la convertibilité en or de la dernière devise qui lui était rattachée, le dollar) mais qu’elle n’est qu’une représentation de la valeur marchande d’un bien ou d’un service.

    Autre aspect important, celui de la création monétaire : beaucoup pensent que ce sont les états qui créent la monnaie…. celle, sonnante et trébuchante que l’on range dans nos porte-monnaie et que l’on appelle monnaie fiduciaire, représente 10 à 15% de la masse monétaire en circulation et est émise par les banques centrales, organismes indépendants des gouvernements.

    Les 85% restants, appelés monnaie scripturale car n’étant que des écritures comptables sur votre compte bancaire sont créés par les banques !

    Ce sont donc aujourd’hui les banques privées qui créent essentiellement la monnaie ; en voici le mécanisme : lorsqu’une entreprise ou un particulier ou n’importe quel autre acteur économique s’adresse à sa banque pour obtenir un prêt, cette dernière, par une simple écriture comptable sur le compte du demandeur, crée l’argent du prêt ; autrement dit, si j’ai besoin de 100 000€, la banque écrit 100 000€ sur mon compte ET PUIS C’EST TOUT ! Enfin presque, il existe quand même des règles qui régissent cette création monétaire mais le principe est celui exposé ici.

    La création monétaire est donc le fruit d’une dette. L’argent ainsi créé alimente la masse monétaire en circulation. Parallèlement, le remboursement de la dette donne lieu à la destruction de cet argent précédemment créé. Autrement dit, si tout le monde remboursait sa dette, il n’existerait plus que la monnaie fiduciaire en circulation, c'est-à-dire quasiment rien. On comprend donc, selon notre système en vigueur, que c’est la dette qui est le moteur de notre économie !

    Autre constat : la banque, lorsqu’elle accorde un prêt, demande une rémunération : ce sont les intérêts ; or, elle crée seulement l’argent nécessaire au prêt, mais pas celui qui permet de payer les intérêts : conclusion, il est mathématiquement impossible pour tous emprunteurs de rembourser leur dette car la masse monétaire en circulation n’est pas suffisante pour couvrir le montant du prêt plus celui des intérêts ; le système donne donc l’illusion qu’il fonctionne tant qu’il existe une demande d’endettement suffisante et que les banques sont disposées à l’honorer, mais lorsque, pour une raison ou pour une autre, ce processus s’arrête, le système tombe en faillite.

    Puisqu’il semble que les politiques soient incapables de résoudre la crise systémique (pis, ils en portent une grande partie de la responsabilité mais là n’est pas l’objet de ce billet) dans laquelle nous nous débattons tous aujourd’hui, quelle initiative citoyenne peut permettre de reprendre, au moins, en partie, le contrôle de cette situation qui semble échapper à tous ?

    Lors de la grande dépression des années 30, des villes ruinées et ravagées par le chômage mettent en place leur propre monnaie ; c’est ainsi qu’apparait le Wara à Schwanenkirchen, une petite ville minière de Bavière, cette monnaie permet de relancer l’économie du village. Cette expérience est suivie de celle, plus connue, de  Wörgl en Autriche… mais les autorités de l’époque mettent fin à ces dispositifs malgré leur succès.

    Cependant, en Suisse, à la même époque, apparait le WIR (voir mon article le WIR http://game-over.eklablog.com/le-wir-a2579969), une monnaie de paiement interentreprises, qui n’est lui, pas réprimé par les autorités suisses. Aujourd’hui organisé en banque, le WIR est utilisé par le quart des PME helvètes  soit 60 à 70 000 entreprises et représente un montant d’échanges de près de 2 milliards.

    Plus récemment, la crise argentine du début des années 2000, a, elle aussi vu la création d’un système de monnaie alternative mais victime de son succès, le marché a été inondé de fausse monnaie, ayant pour effet de mettre prématurément fin à l’expérience.

    Aujourd’hui, on dénombre environ 5 000 projets de monnaies alternatives dans le monde ; que ce soit des monnaies entre particuliers (systèmes d’échanges locaux ou SEL), des monnaies interentreprises (comme le WIR, encore appelées Barters) ou bien de monnaies complémentaires mettant en relation entreprises, particuliers voire pouvoirs publics, banques.

    Nous ne nous intéresserons, ici, qu’à la 3eme catégorie, les monnaies complémentaires.

    Ces monnaies commencent à fleurir discrètement sur le sol national : Toulouse, Brest, Villeneuve sur Lot, Quimper, etc… des projets sont aussi en cours à Nantes et Montreuil. Voici une carte de France des monnaies complémentaires : http://monnaie-locale-complementaire.net/france/

    Comme leur nom l’indique, ces monnaies, sont complémentaires à l’Euro et n’entrent pas en concurrence avec lui ; juridiquement, il ne s’agit d’ailleurs pas de monnaie mais de « titres de service » pour les coupons papier ou de services de paiement d’entreprise dans le cas de paiements électroniques. Il existe certaines obligations : chaque unité de monnaie complémentaire émise, l’est en contrepartie d’un Euro déposé dans une institution financière ; d’autre part, l’utilisation d’une monnaie complémentaire se fait dans le cadre d’une association et par ses membres uniquement donc tous les utilisateurs doivent être des adhérents de l’association.

    Quels sont donc les avantages des monnaies complémentaires, dont les contraintes pourraient en décourager certains ?

    Une monnaie complémentaire circule dans un circuit géographiquement limité : il s’agit d’un quartier, d’une ville, rarement d’une région. Ainsi, cette monnaie va dynamiser les échanges et resserrer les liens locaux.

    Comme nous l’avons vu au début de cet article, il est nécessaire qu’une monnaie circule pour qu’une économie soit saine : les monnaies complémentaires sont généralement des monnaies fondantes c'est-à-dire qu’elles perdent une partie de leur valeur au bout d’un certain temps (en général 2% tous les trimestres) ; ce principe incite les porteurs à faire circuler l’argent rapidement au lieu de l’épargner. On sait qu’une unité de monnaie complémentaire circule environ 3 à 4 fois plus qu’un Euro. C’est ce que nous apprend le Chiemgauer, implémenté en Bavière depuis 2003.

    Autre enseignement de cette monnaie, le chiffre d’affaires des entreprises l’utilisant augmente et permet la création d’emplois supplémentaires.

    Une monnaie complémentaire permet également de promouvoir certaines pratiques vertueuses (seront, par exemple, autorisées à l’utiliser les entreprises faisant du recyclage, vendant des produits locaux, mais pas les vendeurs de pesticides), solidaires etc…

    Puisqu’une monnaie complémentaire est adossée à son équivalent en Euro, cela signifie que l’on double la masse monétaire en circulation ; d’autre part, les Euros sont placés dans des établissements financiers comme la NEF qui privilégient les projets respectueux de l’environnement, solidaires etc… ainsi, cet argent est à l’abri des paradis fiscaux, de la spéculation et des entreprises peu vertueuses.

    Enfin, en cas de faillite bancaire ou de dévalorisation de la monnaie nationale, les monnaies complémentaires s’avèrent être un outil de résilience, au moins à court terme, contre les effets induits par ces situations.

    Face à un système financier peu enclin à considérer les dégâts économiques et sociaux dont il est responsable, les initiatives citoyennes commencent à émerger, preuve d’une prise de conscience et que s’il y a changement, c’est de vous et de moi qu’il viendra…

    … et moi et personnellement, j’ai bien l’intention d’y participer !

    Et vous ?

     

    http://www.dailymotion.com/video/xvarif_atelier-sur-la-monnaie-complementaire_news?start=236

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Chiemgauer

    http://www.youtube.com/watch?v=s2ROizkZgR0

     


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